Fille du Peuple...

" Les hommes font l'histoire, mais ne savent pas l'histoire qu'ils font. " Karl Marx

dimanche 19 janvier 2014

Les Fleurs du Mal - Charles Baudelaire

Le 20 août 1857, Charles Baudelaire était traduit devant la 6ème chambre correctionnelle de la Seine, avec ses 2 imprimeurs-éditeurs des Fleurs du Mal, sous la double prévention d'offense à la morale publique et d'offense à la morale religieuse. Il avait alors 36 ans et était inconnu du public. Cependant, il était hautement estimé par ses pairs.

Le procureur, Maître Pinard, qui l'était également dans le procès de Madame Bovary, estimait dans son réquisitoire que ce n'était pas l'homme qui était à juger mais bel et bien son œuvre...la limite avait été franchie et le délit d'offense à la morale publique consommé. Il cite, entre autres, la pièce 20 intitulée les Bijoux dont les 3 strophes ci-dessous :

Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s'était assise.
Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe!

Ici, le sens de la pudeur n'existe pas, ou la limite qu'elle impose à été franchie. 
Quant à elle, la morale religieuse n'est pas plus respectée. Il suffit de lire Abel et Caïn pour constater les débauches de langage ! Quelle offense à la grande morale chrétienne ! et pourtant...

Maître Chaix d'Est-Ange, son avocat, a tenté de dépeindre cet homme honnête et artiste convaincu. Le comparant à Montesquieu, Lamartine et même Balzac. En vain....Baudelaire et ses Fleurs du Mal seront considérés comme obscènes et immoraux, les pièces 20, 30, 39, 80, 81 et 87 seront condamnées à être supprimées et l'homme devra acquitter 300 francs d'amende. C'était le 20 août 1857.

Le 31 mai 1949, soit près d'un siècle après cette condamnation, la Cour de Cassation était saisie de la révision de ce jugement. Elle l'annule et décharge la mémoire de Baudelaire qui avait été souillée. Abasourdi, Baudelaire disait lui-même au sortir de sa condamnation : "j'attendais qu'on me fît réparation d'honneur !". Cela sera donc fait de manière posthume...

" Ce livre restera sur toute votre vie comme une tâche, me prédisait, dès le commencement, un de mes amis. En effet, toutes mes mésaventures lui ont jusqu'à présent donné raison. Mais j'ai un de ces heureux caractères qui tirent une jouissance de la haine et qui se glorifient dans le mépris. Mon goût diabolique passionné de la bêtise me fait trouver des plaisirs particuliers dans les travestissements de la calomnie. Chaste comme le papier, sobre comme l'eau, porté à la dévotion comme une communiante, inoffensif comme une victime, il ne me déplairait pas de passer pour un débauché, un ivrogne, un impie et un assassin."

                                                                                                                                                     E.L

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